La collectivité

La loi SRU(1) du 14 décembre 2000 qui est à l’origine d’une refonte fondamentale du code de l’urbanisme repose sur 3 principes : une exigence de solidarité ; la prise en compte du développement durable ; le renforcement de la démocratie et de la décentralisation.

Elle a fixé des objectifs ambitieux de requalification urbaine des espaces habités et de confortement de la mixité sociale. Elle a également introduit le développement durable comme un enjeu essentiel de l’aménagement du territoire. Les lois de Grenelle du 03 août 2009 puis du 12 juillet 2012 ont conforté cette intention en portant plus spécifiquement l’attention des aménageurs et des bâtisseurs sur les enjeux du respect de l’environnement et de la maitrise des énergies.
Dans le même temps, le débat de société s’intéresse de plus en plus à la qualité de nos espaces de vie, au bien être chez soi, au mieux vivre ensemble en portant un regard de plus en plus éclairé à l’égard de la question urbaine. La thématique des entrées de ville et des espaces périurbains est récurrente, au point que des magazines grand public(2) s’approprient un sujet jusqu’alors confiné aux revues professionnelles et aux débats d’experts.

Les collectivités locales sont par ailleurs confrontées à des exigences de densification, de préservation des espaces naturels ou agricoles, de confortement des équipements, de gestion du social ; le tout dans un contexte de nécessaire maitrise des dépenses. Les documents de planification urbaine, fruit d’une élaboration négociée avec de nombreux partenaires(3), traduisent de plus en plus souvent une intention de réduction de l’espace urbanisable alors que la Haute-Savoie continu d’attirer toujours plus d’habitants chaque année(4).

Un équilibre entre densité et préservation du cadre de vie
L’équilibre semble de plus en plus difficile à atteindre entre accueillir plus et accueillir mieux, adapter le territoire et préserver la qualité du cadre de vie.

L’orientation de la recherche Bimby, reprise dans le cadre du projet Mix’Cité est d’œuvrer dans le sens de la densification des espaces périurbains en apportant un droit construire supplémentaire dans les espaces d’interstice offerts par les tissus urbanisés. Cela doit naturellement concourir à une économie de l’espace foncier puisque l’on propose d’installer de nouvelles constructions sur des tènements déjà aménagés. Chaque habitation nouvelle prend place dans la trame bâtie existante sans nécessiter l’aménagement d’un terrain naturel ou agricole. Les réseaux en place seront valorisés et la densité des espaces habités confortée en favorisant l’intérêt du développement de dispositifs de transports collectifs ou partagés.

Cette manière d’aborder l’urbanisme local propose un cadre favorable de régénération urbaine. Des espaces diffus, induits à l’origine par une logique de mitage ou d’expansion, s’offrent comme des lieux pertinents de confortement de la ville. Ils peuvent progressivement devenir de nouveaux pôles au caractère villageois ou urbain plus affirmés, plus dense et plus dynamiques. Une offre nouvelle de logements individuels et intermédiaires sur des territoires ne disposant plus ou peu de réserve foncière peut être à nouveau envisagée. La capacité d’accueil des communes fortement contraintes ou ne disposant plus d’espace à aménager est confortée sans que la collectivité ne se trouve dans l’obligation de développer des outils d’urbanisme ou de maitrise foncière complexes. Elle initie et accompagne un projet porté par les habitants des quartiers eux-mêmes.

Rajeunir les quartiers pavillonnaires
La régénération des quartiers d’habitat individuel par densification douce est aussi un vecteur de dynamisation démographique, sociale et générationnelle. Le rajeunissement attendu des lotissements les plus anciens permet d’entretenir la vitalité des structures publiques (écoles, crèches, structures associatives…). Le renouvellement des populations est un facteur d’enrichissement de la mixité sociale dans l’esprit de la loi et pour un développement plus équilibré de la collectivité. Parallèlement l’enjeu est également de favoriser le maintien à domicile des populations les plus âgées qui en vendant une partie de leur tènement peuvent réaliser par autofinancement des aménagements de confort, d’accessibilité ou de médicalisation de leur habitat. L’habitant rendu ainsi plus autonome est moins dépendant des structures collectives.

L’amélioration thermique des constructions existantes constitue enfin un axe de projet intéressant. L’important parc individuel construit avant les premières lois relatives aux économies d’énergie (après le choc pétrolier de 1974) peut trouver par ce moyen une solution de financement pour être remis à niveau. Les territoires peuvent ainsi réduire leur empreinte carbone sans qu’il ne soit nécessaire de développer des politiques publiques couteuses.

Mix’Cité propose d’expérimenter un moyen d’accueillir plus, d’accueillir mieux sans augmenter l’impact de ces apports sur l’environnement et le paysage.


(1) Solidarité et Renouvellement Urbain
(2) Télérama n°3135 : Urbanisme à la française, comment la France est-elle devenue moche ? – février 2010
(3) Etat, région, institutions, associations, société civile
(4) Environ 8 à 9000 habitants par an depuis plus de vingt ans en Haute-Savoie

 

Les expérimentations Mix’Cité permettent d’explorer la densification et l’optimisation foncière à différentes échelles : la parcelle, le quartier et la zone d’activités économiques. Le principe d’intervention reste le même : rassembler de la matière et proposer des outils pour coconstruire un projet avec les partenaires et les acteurs du territoire. Sous la forme de concours d’idées, ces démarches mobilisent ainsi les compétences d’équipes de maîtrise d’œuvre pluridisciplinaires motivées par l’expérimentation afin de proposer des solutions innovantes de requalification environnementale, urbaine et architecturale.